Jour 4 : Retour à Port-Menier
Jeudi le 21 juillet
6 h 30. Je sors de ma tente. Danièle est allée faire un petit tour et a trouvée de la chicoutai (fruit orangé) en allant à la tourbière. Un renard est passé pendant la nuit et s'est amusé avec la paire de bas que j'avais mis à sécher. Il a aussi mordillé la semelle d'un soulier de Françoise. Douce revanche, Françoise a pu prendre le renard en photo ce matin, et de belle façon.
Je profite de la lumière matinale pour faire une autre tournée photo, en sandales. Pendant le déjeuner, deux cerfs curieux s'approchent de nous. Le vent est dans le bon sens alors ils ne sentent pas notre odeur, notre présence. Ça me permet de faire ma première photo à vie où l'ont voit un cerf et un phare en même temps. Je déjeune léger avec une orange, une tranche de pain au beurre d'amande et une barre tendre.
On fait sécher les tentes et défait le campement. Départ à 9 h 40 de l'escarpement Bagot. On essaye le raccourci par la tourbière qu'on a contournée hier. Le temps est plus sec et la tourbière ne nous réserve finalement pas de mauvaise surprise. Par contre, mouches, moustiques et frappabords nous adorent. Au moins, la plupart ne semblent pas être intéressés à nous piquer. Sur le chemin, Françoise fait quelques photos de plantes, dont une orchidée presqu'en fleur. On aperçoit plusieurs cerfs, dont une mère avec son faon.
Direction Port-Menier
Départ en camion à 11 h 05, en direction du village de Port-Menier.
On croise des gens des ressources naturelles près d'un petit chantier du MTQ qui détourne une rivière à saumon. Danièle connaît absolument tout le monde qu'on a rencontré sur l'île depuis mon arrivée. C'est à la fois amusant et impressionnant.
Nous arrêtons pour dîner. Salade de quinoa, saucisson, fromage brie, craquelins et gâteau aux carottes pour dessert. Françoise et moi discutons du photographe Sebastião Salgado que l'on admire tous les deux, du droit à l'image et des différences de lois entre la photo de rue au Québec, aux États-Unis et en France.
Hasard gigantesque en revenant vers le véhicule, on rencontre Carol Vachon, qu'on avait déposé deux jours plus tôt à plusieurs dizaines de kilomètres de là. Il a fait du camping dans le secteur et a finalement abandonné l'idée de se rendre à la baie de la Tour en vélo. Il s'est résigné à faire du pouce pour revenir, alors il profite de notre rencontre inattendue pour embarquer avec nous jusqu'à Port-Menier.
Confort pour une nuit
Ce soir, je soupe et dors au village, au gîte Marguerite. Danièle avait prévu couper le voyage en deux. Il y a du Wi-Fi et de l’électricité. Dans ma situation, c’est le gros luxe. Je peux recharger mes piles, faire sécher mes vêtements et classer mes bagages.
Je soupe au restaurant de l’Auberge Port-Menier, géré par la Sépaq. Ça fait 3 jours que je vie entouré de silence. Ça me fait bizarre d'entendre plusieurs inconnus parler ensemble, surtout qu'il y a un gros groupe juste à côté de moi. Je me commande un verre de vin blanc et je reçois… un verre de vin blanc. Pas de vignoble, de cépage, de terroir, de millésime ou autre. Simplicité absolue. Je n'ai aucune idée de ce que je bois et ça ne me dérange pas trop. C’est juste bon.
Fin du jour 4 : 760 km parcourus à date. Aucune crevaison. Aucun chevreuil frappé sur la route.